Prenez un troupeau de race Holstein, croisez-le avec la race Montbéliarde. L’année suivante, ajoutez de la génétique Brune. Vous obtiendrez un troupeau multicolore… ainsi qu’un gain de marge brute. C’est ce que tend à démontrer la thèse de Charlotte Dezetter, qui a évalué l’intérêt du croisement entre races bovines laitières. Ces résultats corroborent les conclusions d’autres études internationales...
De plus en plus d’éleveurs, notamment en système pâturage, ont intégré durablement la pratique du croisement de races, qu’il s’agisse de croisements à deux voies ou à trois voies. Certes, la technique est rare en France. Mais elle est très répandue en Nouvelle-Zélande, où les fameuses vaches « kiwis » (Holstein x jersey) représentent 45 % des effectifs laitiers. Le croisement est également assez développé aux États-Unis, aux Pays-Bas et en Irlande...
Trois raisons peuvent inciter des éleveurs à délaisser les races pures. Certains cherchent d’abord à « marier les atouts des races », résume Pascale le Mézec. Certaines aptitudes fonctionnelles de la Holstein peuvent par exemple être améliorées par croisement. D’autres sont en quête d’un « bonus spécifique à travers l’effet d’hétérosis ». Il s’agit là d’une vigueur hybride. Les performances des animaux croisés sont ainsi supérieures à la moyenne de leurs deux races parentales. L’effet d’hétérosis est important pour la quantité de lait et pour la reproduction. Le gain est évalué à environ 6% pour ces deux critères-là. Il est par contre peu marqué concernant les taux et les cellules. Enfin, le croisement permet d’améliorer la diversité génétique du cheptel et donc de renforcer sa résilience face aux aléas.
Du point de vue économique, la thèse de Charlotte Dezetter conclut à un gain de 20 à 100 euros de marge brute par vache et par an en moyenne, ou bien de 5 à 13 euros de marge brute par 1000 litres par an, mais ces retombées s’obtiennent plus de 5 ans après le début du croisement...