Les baisses quasi généralisées des revenus 2023 semblent proportionnelles à la part des grandes cultures et cultures industrielles dans les assolements. Si l’augmentation du prix du lait permet quasiment de faire face à l’augmentation des charges et à la baisse des aides de l’atelier laitier, le retournement de conjoncture en céréales et oléo protéagineux entraîne les revenus vers le bas…
Alors que la crise agricole secoue la France, la colère des agriculteurs se concentre largement sur le manque d’argent. Mais qu’en est-il vraiment ?
A en croire les chiffres de l'Insee, 15% des agriculteurs français n’avaient aucun revenu en 2021. Dans le même temps, pourtant, au sein de certaines filières, le salaire moyen dépassait 3 000 euros par mois. Ces disparités s’expliquent en fait par les grandes différences au sein du secteur : taille des exploitations, types de culture, zone géographique…
Le Monde est allé à la rencontre d’agriculteurs de différents horizons pour mieux saisir ces grands écarts au sein de la profession. Certains d’entre eux insistent sur les difficultés qu’ils ont à se rémunérer…
Les élevages spécialisés de lait de vache bio présentent une productivité moyenne en valeur par animal plus faible à celle des élevages conventionnels, inférieure en 2020 de 13,1%. En 2020, le prix du lait bio a pourtant été supérieur de 37% à celui du conventionnel, mais il ne permet pas de compenser totalement la moindre productivité bio…
En revanche, un niveau moyen plus faible d'environ 17,8% des consommations intermédiaires (charges d’aliments, frais vétérinaires, consommations énergétiques...) permet aux élevages bios d'aboutir à une valeur ajoutée supérieure d'environ 10 € par vache laitière…
Au final, grâce en partie à un niveau moyen de subvention par vache laitière supérieur de 46,4%, l’EBE/UGB des producteurs bios offre en moyenne 212 € de plus par animal. Les niveaux de dispersion des EBE par vache laitière sont très similaires entre les deux modes de production, les rapports interquartiles s'établissent dans les deux cas à 1,8…
Les chiffres de l’observatoire de l’endettement et des trésoreries des élevages bovins lait et viande pour 2022 montrent une progression du revenu disponible par UTH familiale. Il y a moins d’exploitations en situation critique, mais leurs chiffres se détériorent…
Cedric's insight:
voir aussi Observatoire de l'endettement et des trésoreries des élevages bovins - hiver 2022
Après deux années de hausse, la valeur ajoutée brute de la branche agricole est en baisse de 5,3%. Si la valeur de la production céréalière chute fortement, celle de la production animale augmente, en lien avec une nouvelle contraction de l’offre…
En 2023, la production animale hors subventions reculerait de 2,5% en volume. La baisse serait de 4,8% pour les bovins et 6,8% pour les veaux. La production laitière diminue d’environ 1,2%. Cette contraction de l’offre contribue à une hausse des prix, avec une valeur qui progresse au global de 5,2% sur les produits animaux (+ 4,1% pour le bétail, + 5,8% pour le lait).
L’année 2022 a été marquée par la hausse du coût des intrants, mais également par celle du prix du lait. D’après les données Ecolait du BTPL, l’EBE généré en 2022 sur les exploitations laitières est supérieur de 18 à 20 000 € à celui de 2021…
Les produits ont augmenté de 79 €/1 000 l, les charges opérationnelles ont augmenté de 22 €/1 000 l. Les charges de structure sont aussi impactées par la conjoncture, + 8 €/1 000 l, en particulier les charges de mécanisation. L’EBE progresse de 49 €/1 000 l en 2022…
Cedric's insight:
La projection 2023/24 suit la tendance de 2022, avec un prix du lait supérieur à 2022 et des charges légèrement plus hautes
En 2022, les troupeaux ont continué à grandir. Les élevages ont en moyenne gagné 1,6 vache, et 32 000 litres de lait d’après les données Ecolait du BTPL. Les différentes tailles d’exploitations présentent des EBE comparables aux 1 000 litres, mais les plus grands troupeaux génèrent davantage de revenus à l’UMO…
Cedric's insight:
Est-ce que ces données militent pour de grands troupeaux ? Pas forcément, ces moyennes cachent évidemment des disparités. Les écarts observés ne sont pas liés à la taille du troupeau, mais aux écarts de productivité des vaches et de productivité de la main d’œuvre…
Selon Teagasc, le revenu moyen des exploitations laitières en 2022 était de 148 598 €, soit une augmentation de 50 % par rapport au niveau de 2021. Les coûts de production du lait ont augmenté de plus de 37% pour atteindre près de 37c/L.
Le nombre d’exploitations agricoles qui ont fermé entre 2010 et 2020 s’élève à environ 36 000. Cela représente une baisse d’environ 12%, ce qui correspond également à une perte d’environ un emploi sur sept…
Cedric's insight:
« Les changements structurels dans l’agriculture sont entraînés par deux facteurs principaux : un manque de perspectives économiques et un manque de fiabilité politique pour les investissements futurs ». Il y a également une bureaucratie excessive…
Depuis un an, le prix du lait payé aux producteurs a baissé de plus de 34% ! Après une courte période où les producteurs laitiers ont pu sortir la tête de l’eau, c’est le retour d’une situation qui est critique pour la rentabilité des fermes laitières, et donc pour leur pérennité…
Cedric's insight:
voir aussi Allemagne : coût de production et prix du lait
L’analyse économique de la répartition du prix final d’un litre de lait est presque toujours biaisée. Les deux principales propositions du monde syndical agricole sont, non seulement anti-économiques, mais vont profondément à l’encontre des intérêts de la profession…
L’entrepreneuriat ne peut fonctionner correctement que si les prix sont vrais, et si les quantités ne sont pas manipulées par des quotas. Un quota n’est qu’une aide temporaire et maladroite qui ne bénéficie jamais au consommateur et qui ne profite aux producteurs que l’espace d’un instant…
Une partie de l’empressement à supprimer les quotas était de permettre aux exploitations laitières européennes les plus efficaces d’augmenter leur production et de participer à la demande mondiale croissante de produits laitiers…
Si le gouvernement voulait sérieusement sauver la filière laitière – ce dont nous pouvons douter au regard du contenu insensé de la loi Egalim – il faudrait immédiatement et massivement défiscaliser le secteur, comme, du reste, le reste de l’économie…
Si le consommateur n’est prêt à payer que 90 centimes le litre, il est parfaitement impossible de donner aux agriculteurs les 55 centimes dont ils ont besoin. Il faudrait donc drastiquement diminuer les coûts des facteurs de production des agriculteurs, des entreprises agro-alimentaires et des grandes surfaces d’au moins 10 à 15 centimes…
Il n’existe que deux recettes économiques éprouvées en la matière. La première est l’augmentation de l’intensité en capital, ce qui prend des décennies et réclame énormément de capital. La seconde est une baisse massive des impôts en tous genres payés par tous les acteurs de la filière…
Dans un tel contexte, l’exploitant est seul face aux forces de marché et face à l’État. Il a été trompé jusqu’en 2015 sur l’état réel de la demande de lait par l’existence des iniques quotas de l’Union européenne. Il existe cependant un espoir qui est de transformer le lait en un autre produit à forte valeur ajoutée…
Kolkhoze ou marques ? Les AOC, AOP et IGP jouent le même rôle qu’une marque de luxe en restreignant la production potentielle. Le fromage n’est évidemment qu’un exemple parmi d’autres dérivés possibles, et de très nombreux agriculteurs font déjà d’énormes efforts pour essayer d’écouler leurs produits à travers des coopératives. Le « secret » n’est pas dans l’industrialisation, mais dans la différenciation des produits : personne ne peut faire du Beaufort en dehors de la zone…
Ce ne serait pas une solution instantanée – il a fallu des décennies pour que Beaufort établisse sa suprématie économique – mais elle aurait le mérite de ne pas distordre le marché une fois de plus en créant de faux droits, tout en flouant le consommateur et le contribuable…
Cedric's insight:
voir aussi Point de vue - Le prix du lait : mythes et réalités d’un défi économique
Malgré un prix du lait au sommet, les résultats des exploitations laitières reculent pour les clôtures comptables du 3e trimestre 2023. La hausse du coût alimentaire, des charges de structure, ainsi que le recul des marges de grandes cultures se cumulent…
Les prix du lait et de la viande compensent la baisse des prix des cultures sauf en systèmes polyculteurs. D’autant que la plupart des charges ont tendance à revenir à niveau proche de celui de 2021 après une flambée en 2022. La conjoncture est favorable aux systèmes mixtes lait-viande, elle l’est dans une moindre mesure pour les spécialisés lait, mais elle ne l’est plus pour les systèmes polyculteurs…
Une volatilité des revenus qui s’accroît avec le temps et des écarts de revenus marqués selon la diversité des productions. En moyenne, les systèmes laitiers spécialisés en AB ont un niveau de revenu par unité de travail proche des conventionnels.
Selon les simulations du réseau de référence Inosys, le revenu des exploitations laitières du Grand Est et d’Île-de-France est en recul en 2023, mais reste à un niveau soutenu grâce à la bonne tenue des produits animaux…
Cedric's insight:
voir aussi Revenus 2023 des élevages Grand-Est/Ile-de-France
Une situation financière améliorée pour les exploitations laitières..
Le prix du lait a continué sa hausse en 2022 : + 70 € /1000 l par rapport à 2021. Le produit brut de l’échantillon 2022 a été amélioré (de + 6% à + 22% en fonction des zones). Par ailleurs, malgré la hausse des charges (aliments, carburant et engrais notamment), l’EBE des exploitations a connu partout une amélioration. Le revenu disponible a été en hausse marquée partout (de + 19% en Montagne à + 92% dans le Grand-Ouest), soit en moyenne 34 000 € annuels par UTH familiale.
La trésorerie nette globale moyenne a été encore en nette hausse en 2022. Les dettes court-terme des exploitations laitières ont été en légère diminution mais sont restées à des niveaux élevés (124 €/1000 l en moyenne toutes zones). La part des exploitations en situation critique a diminué en 2022 : 24% des élevages suivis en France en 2022 contre 32% des exploitations en 2021.
En 1984, l’Union européenne mettait en place des quotas annuels laitiers afin de réduire les stocks de beurre et de poudre et de mieux rémunérer les producteurs. L’Europe les a supprimés en 2015 et depuis cette date, les importations françaises augmentent, tandis que nos producteurs sont sous-rémunérés pour leur travail…
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voir aussi Production laitière : Une révolution copernicienne au sein de l’UE
Le prix annuel moyen du lait irlandais en 2024 devrait s’améliorer d’environ 10%, soit un prix du lait d'environ 47,5 cts/L à taux réel de matières grasses et de protéines. Les coûts de production baisseraient de 2% pour atteindre 36,3c/L…
Selon Teagasc, les perspectives du marché laitier pour 2024 sont plus positives qu'en 2023. En moyenne, on estime que la marge nette/ha des exploitations laitières a chuté de 72% en 2023 pour atteindre 859 €. En 2024, elle devrait être en hausse de 73% à 1 477 €/ha et 12,2c/L…
Malgré l’incertitude mondiale, les prix du pétrole et des engrais devraient encore baisser en 2024, les prix du carburant devant baisser de 4 % en moyenne…
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Les récents changements dans la réglementation sur les nitrates sont susceptibles d'avoir une certaine influence sur la production nationale. Sur cette base, Teagasc ne prévoit pas d’augmentation de la production laitière dans ses prévisions pour 2024, avec un cheptel de vaches laitières stable et des rendements laitiers stables. Globalement, un retour à des niveaux de revenus plus normaux est envisagé dans les exploitations laitières irlandaises en 2024.
En Bourgogne Franche-Comté, les premières estimations de résultats 2023 ont été présentées par le Cerfrance. La hausse des charges, supérieure à celle des produits, entraîne une légère baisse de l’EBE moyen…
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voir aussi Bourgogne-Franche-Comté : 2023 se présente comme un « bon cru » pour l’élevage
Les variations du prix du lait (5 %) ont des répercussions amplifiées sur le résultat moyen du RICA (31 %). Cela correspond à la « stratégie volume », payante quand le prix du lait est élevé mais à risque du fait de ses fluctuations…
Les systèmes herbagers pâturants font le choix de la «stratégie valeur ajoutée ». Cela passe par une réduction des intrants et une maximisation des processus biologiques naturels au travers des prairies. Ainsi, ces fermes rémunèrent mieux leurs travailleurs que la moyenne des fermes RICA et réduisent leurs impacts négatifs sur l'environnement.
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voir aussi Infographie Observatoire technico économique 2023
Depuis 2013, le revenu est en augmentation malgré la hausse des coûts, en raison d’une croissance plus rapide de la valeur de la production. Après un ralentissement en 2020, le revenu moyen s’élevait ainsi à 28 800 €/travailleur en 2021, soit 56% de plus qu’en 2013, et 13,6% de plus par rapport à l’année précédente…
Cette augmentation générale s’explique, d’une part, par la croissance rapide de la valeur de la production, comparativement à une hausse des coûts plus lente, mais aussi par la diminution du nombre d’exploitants agricoles…
On constate également que presque tous les types d’élevage ont enregistré une augmentation des revenus par rapport à 2020 (+ 13,6% en moyenne)…
Cedric's insight:
à comparer à Idele : Le revenu des exploitations Bovins lait 2022
Conférence Fermoscopie de Cerfrance Bourgogne-Franche-Comté : L’année 2023 se présente comme un « bon cru » pour l’élevage bovin lait et viande, qui ne réédite pas ses performances de 2022. Si les charges ont augmenté, les prix départ ferme des produits de l’élevage bovin lait et viande n’ont pas ou peu diminué, alors que les céréales retrouvaient des valorisations plus ordinaires…
L’Observatoire de l’endettement et des trésoreries vient de livrer ses résultats pour les clôtures d’été 2022. La situation financière des élevages de bovins laitiers s’est globalement améliorée, mais un quart d’entre eux reste en situation critique…
Cedric's insight:
voir aussi [Diaporama] Observatoire de l’endettement et des trésoreries des élevages bovins
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