Le débit du lait faiblit. De la Nouvelle-Zélande aux Etats-Unis, en passant par l’Europe, la collecte laitière va de mal en pis. La France n’échappe pas à cette décrue. Après une baisse de 1,5 % enregistrée en 2021, les volumes affichent encore un repli de 1,2 % au premier trimestre. Pas question, pour autant, d’agiter le chiffon rouge de la pénurie du breuvage blanc…
D’autant que les Français font la fine bouche devant leur bol de petit déjeuner. Selon Syndilait, la consommation de lait liquide dessine de nouveau une courbe descendante, avec une baisse de 1,3 %, à 2,28 milliards de litres en 2021, après le pic atypique de 2020, lié aux mesures de confinement édictées en début de crise due au coronavirus…
Mais quand le moteur laitier broute, les cours des marchés mondiaux des produits transformés s’enflamment. « Le beurre industriel et la poudre de lait écrémé sont à des niveaux extrêmement élevés. Le beurre se négocie à près de 6 800 euros la tonne, et la poudre de lait écrémé autour des 4 000 euros la tonne. Soit une hausse de près 70 % sur un an »…
De quoi se faire du beurre pour les grands industriels laitiers. Et pour les éleveurs ? La poudre met le feu au prix du lait. De cette surchauffe des cours mondiaux découle donc une revalorisation du prix payé à l’agriculteur. En mars, selon les données publiées par le ministère de l’agriculture, la tonne de lait conventionnel a atteint 395 euros en moyenne, en progression de 22 % sur un an. Le mouvement se poursuit. « En mai, la tonne de lait atteint 410 euros. Si on m’avait dit, il y a deux ans, que le prix du lait allait atteindre ce sommet, je ne l’aurais pas cru »…
Sauf que, depuis deux ans, les marchés des matières premières agricoles ont perdu la boussole. La flambée des prix de l’alimentation animale, céréales comme tourteaux, des engrais et de l’énergie, a fait s’envoler les coûts de production des agriculteurs. Même si les plus autonomes en fourrage absorbent mieux le choc…