Lait de Normandie... et d'ailleurs

En janvier 2022, la fromagerie de Vercel-Villedieu-le-Camp a fait l’objet d’une enquête suite à des pollutions constatées dans un ruisseau. Une convention judiciaire a été homologuée par le tribunal de Besançon. Le groupe doit verser une amende de 100 000 €, se mettre en conformité et assurer la remise en état du cours d’eau…

C’est une décision forte qui vient d’être homologuée par le tribunal de Besançon. Le groupe Lactalis, visé par une enquête concernant une pollution dans le ruisseau du Moulin du Pré, a accepté la convention judiciaire. Cette alternative aux poursuites l’oblige à verser 100 000 € d’amende, assurer la remise en état du cours d’eau et mettre ses installations en conformité. En cas de non-respect de ces mesures dans les 18 mois, le groupe sera assigné devant le tribunal correctionnel de Besançon…

Les élevages de plus de 350 UGB seront concernés par la directive des « émissions industrielles », soit seulement 3 % des élevages bovins de l'UE, au lieu des 150 UGB initialement prévus...

Les ministres européens de l'environnement se sont entendus pour restreindre drastiquement le nombre d'élevages auxquels s'appliquera une loi de l'UE imposant des seuils maximaux d'émissions polluantes, ce qu'a aussitôt déploré Bruxelles…

«Ce que les lobbyistes laitiers industriels ne veulent pas dire au public, c'est qu'ils prévoient une forte augmentation du nombre de vaches laitières, déjà à 6 millions et demi, ce qui causera plus de pollution dans nos lacs et nos rivières. »

En dépit des inquiétudes grandissantes du public sur les rivières et les lacs pollués, l'industrie laitière envisage de construire des grands réseaux d'irrigation pour étendre le troupeau laitier. Si ces projets d'irrigation vont de l'avant, il y aura des dizaines de milliers de vaches laitières, ce qui signifie plus de pollution, une catastrophe pour nos lacs et nos rivières.

Trop de vaches sur des exploitations surpeuplées créent une pollution par les nitrates provenant de l'urine des vaches qui s'infiltre dans le sol et les eaux souterraines et ensuite dans les cours d'eau où elle peut causer la croissance des algues. «Si nous voulons sauver nos rivières et nos lacs, nous devons abandonner les plans d'irrigation, diminuer le nombre de vaches et passer rapidement à l'agriculture écologique. »

La qualité de l’eau s’améliore en Bretagne sur le paramètre des nitrates. «Les taux de nitrates dans les eaux bretonnes ont ainsi retrouvé des niveaux proches de ceux constatés à la fin des années 80, un peu supérieurs à 30 mg/litre en moyenne »

C’est une histoire de trente ans qui se chiffre en milliards d’euros. Trois décennies au cours desquelles les industries les plus polluantes du Vieux Continent – l’acier, le ciment, le pétrole, l’aluminium et d’autres – auront reçu gratuitement des quotas d’émissions de CO2, sortes de « droits à polluer » supposés être réduits dans le temps, afin de les inciter à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre…

Le dispositif a rapidement été détourné de son objet pour devenir un outil financier permettant à ses bénéficiaires d’augmenter leurs profits, grâce à la revente de ces quotas. Rien qu’entre 2013 et 2021, estime le Fonds mondial pour la nature, les plus grosses industries émettrices ont empoché 98,5 milliards d’euros et n’ont consacré qu’un quart de cette somme (25 milliards d’euros) à l’action climatique…

Le rapport du groupe environnemental "Sick of Too Many Cows" appelle à de nouvelles stratégies pour réduire immédiatement le nombre de vache et réorienter les subventions à l'irrigation vers un «fonds de transition» pour l'agriculture écologique.