Lait de Normandie... et d'ailleurs

L’Australie et surtout la Nouvelle-Zélande sont des acteurs majeurs sur le marché mondial des produits laitiers. A elles deux, l’Australie et la Nouvelle-Zélande comptaient, en 2023, pour 34,4% des exportations mondiales de produits laitiers, en équivalent matière sèche du lait. C’est juste derrière l’Union européenne, (37,7%). La Nouvelle-Zélande pèse à elle seule 31,4% des échanges mondiaux…

Alors que la Chine s’affiche en retrait des achats sur le marché mondial des produits laitiers depuis le Covid, ses fournisseurs cherchent à diversifier leurs débouchés. C’est mission accomplie pour la Nouvelle-Zélande, pour qui la Chine ne comptait plus que pour 29% des exportations (en équivalent matière sèche) en 2023, contre 30% en 2022 mais surtout 41% en 2021. La Nouvelle-Zélande s’est notamment réorientée vers le Sud-Est asiatique, qui a, pour la première fois en 2023, pesé plus que la Chine, avec 30% des exportations néo-zélandaises (contre 27% deux ans plus tôt). La Nouvelle-Zélande a aussi progressé sur l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient…

Si la poudre de lait entier reste le produit phare des exportations néo-zélandaises, on note une évolution progressive du mix produit. Ainsi, en 2023, les envois de poudre de lait écrémé de l’île d’Océanie ont bondi de 27% et ceux de fromage de 10%...

Si l’Australie comptait encore pour 3,9% des échanges mondiaux de produits laitiers en 2021, sa part est passée à 3,5% l’année suivante puis seulement 3% en 2023. Les exportations australiennes de produits laitiers ont en effet chuté de 14% en 2023, comme en 2022, alors que la collecte se replie. Avec un déficit qui s’agrandit en beurre et en fromage, l’Australie pourrait devenir importatrice nette de produits laitiers (toujours en équivalent matière sèche).

Au premier semestre 2022, moins de lait a été trait en Nouvelle-Zélande et en Australie qu'à la même période l'an dernier. La New Zealand Dairy Association (DCANZ) fait état d'une baisse de 5,5 % avec un volume de 8,48 millions de tonnes expédiées de janvier à juin. En Australie, le volume de lait livré sur la période de janvier à mai 2022 est même inférieur de 6,3 % au niveau de l'année précédente. Au total, 3,1 millions de tonnes de lait ont été produites…

L'USDA estime que l'offre de lait diminuera de 0,5 % en Nouvelle-Zélande pour l'année 2022. En Australie, une baisse de 3 % par rapport à l'année précédente est prévue…

Pourquoi l'industrie laitière australienne a-t-elle poussé ses agriculteurs à aplanir leur courbe d'offre de lait alors qu'il n'y avait pas vraiment besoin de le faire? Et est-ce que c’est allé trop loin? Aux dépens des agriculteurs qui ont subi des coûts de production qui les rendent moins compétitifs que la Nouvelle-Zélande?

Les transformateurs en ont peut-être besoin, parce qu’ils ne peuvent/veulent pas financer des coûts d'exploitation plus élevés. Mais l'industrie laitière australienne ne peut pas se permettre de laisser MG se réduire ou la collecte de lait australienne à rétrécir. Pour le bien de l'industrie laitière australienne, les deux doivent croître.

L'industrie est à la croisée des chemins depuis 10 ans. Il est temps de décider dans quelle direction se dirige cette industrie. Nous devons décider si nous voulons être une industrie de classe mondiale qui peut rivaliser avec le reste du monde.

MG et Fonterra Australie doivent fusionner pour le bien des agriculteurs néo-zélandais et australiens et de leurs industries respectives. Les deux sont, après tout, des coopératives.

La question pour l'industrie australienne et le gouvernement est, que va-t-elle faire et comment convaincre Fonterra de laisser aller son entreprise australienne afin qu'elle puisse fusionner avec MG pour le bien des nations et des industries?

La production de lait de vache devrait reculer fortement en Australie et s’effriter en Nouvelle-Zélande en 2023, selon l’USDA…

Après avoir déjà reculé de 6 % en 2022, la collecte laitière de l’Australie devrait de nouveau baisser de 2 % en 2023, et ce malgré la nette hausse des prix du lait, à des niveaux records. Pourtant, les conditions climatiques n’ont pas été mauvaises…

Mais l’Australie est confrontée à un profond manque de main-d’œuvre qui ne permet pas aux éleveurs laitiers de développer leur production malgré un contexte de marché positif. Les industriels australiens devraient privilégier les fabrications de fromages, attendues presque stables, aux dépens des autres produits laitiers…

Stop à « la fougue libre-échangiste » : Le Parlement européen veut exclure les viandes bovine et ovine, les produits laitiers et les sucres spéciaux, des futures négociations commerciales de l’Union européenne avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande.