Lait de Normandie... et d'ailleurs

Pour pallier aux problématiques des risques de marché, les Jeunes Agriculteurs proposent un large panel d’outils parmi lequel on trouve « un nouvel outil européen de maintien du revenu de type contra-cyclique [qui] permettra de limiter les crises d’ampleur exceptionnelles ». Ils développent également plusieurs propositions visant à institutionnaliser la politique de gestion des risques comme la création du Gama, le groupement pour une assurance mutualiste agricole qui « rééquilibrera les relations entre l’Etat, la profession et les assureurs ».
Toutes ces propositions s’inscrivent pleinement dans les orientations que Momagri a dessinées dans son Livre Blanc « un nouveau cap stratégique pour la PAC ». Dans les pays comme les Etats-Unis ou l’Espagne où les politiques de prévention et de gestion des risques se sont développées, cela a été la résultante d’un fort investissement des pouvoirs publics et d’une institutionnalisation approfondie de la volonté de développer un cadre cohérent d’intervention impliquant les organisations professionnelles.

et aussi : Outils de gestion des risques, et si on sortait du conformisme ? - WikiAgri
sur http://www.wikiagri.fr/articles/outils-de-gestion-des-risques-et-si-on-sortait-du-conformisme-/15885
Sept rapporteurs ont dressé un état des lieux des outils de gestion actuels et ont fait 24 propositions pour performer un mécanisme qui a montré son insuffisance ces dernières années.

Le rapport "Les outils de gestion des risques en agriculture"
sur http://agriculture.gouv.fr/outils-de-gestion-des-risques-en-agriculture

Le secteur laitier européen connait depuis une décennie des crises à répétition. Le fonctionnement des différents marchés à l’interface des maillons de la chaine est généralement incriminé. Le déséquilibre dans les pouvoirs de négociation est mis en avant pour expliquer un partage de la valeur ajoutée jugé inéquitable par l’amont de la filière. L’exposition aux aléas est également soulignée : les éleveurs se plaignent d’être la « variable d’ajustement » qui aurait à supporter l’essentiel des variations de l’environnement économique.

Deux causes qui expliquent ce phénomène sont passées sous silence : l’impact du nouveau marché à terme européen du beurre de Leipzig et le faible prix de la poudre de lait. Or la Commission ne les prend pas en compte alors qu’elle aurait pu éviter la situation de déséquilibre permanent dans laquelle le marché des produits laitiers est en train de s’installer.

1) Un marché à terme des produits laitiers a été lancé en Europe à la bourse de Leipzig en 2014. L’activité y est faible et il n’y a pas de lien direct avec les marchés réels car il n’est pas possible de réaliser des livraisons de marchandises, contrairement aux céréales. C’est donc un marché virtuel mais qui a un effet dévastateur sur le marché réel. Voici pourquoi : pour le beurre environ 50 contrats (de 5 tonnes chacun) sont échangés par jour, soit l’équivalent de 2.7% de la production de beurre européenne. Il s’agit donc d’un marché très étroit et aisément manipulable…

2) Produire du beurre implique de produire conjointement de la poudre de lait écrémé. Si ces débouchés ne sont pas profitables, le lait est transformé en fromages et en lactosérum. La récente crise du lait résultant de la sortie des quotas laitiers s’est traduite par une hausse des stocks communautaires de poudre à plus de 350 000 tonnes. Ces stocks qui ne représentent que l’équivalent de 2% de la production laitière annuelle européenne, contribuent à maintenir le prix de la poudre à un niveau assez bas ce qui conduit les transformateurs à davantage transformer le lait en fromages et à moins produire de poudre … et donc à moins produire de beurre…

La Commission européenne doit améliorer la transparence des marchés laitiers et s’assurer que les marchés à terme sur son territoire respectent bien les directives régulant les activités financières. Elle devrait également s’inspirer de l’action de la BCE et des régulateurs sectoriels œuvrant sur les marchés de l’énergie pour ne plus se retrouver en défaut comme c’est le cas actuellement.

Parce que selon lui, les marchés agricoles ne peuvent pas être livrés à eux-mêmes, le think-tank Momagri, propose une Pac qui abandonnerait partiellement l’aide directe au bénéfice de mesures qui compenseraient les marchés en période de crise.

Selon Momagri, les règles européennes autorisent le remplacement des DPB par des aides contracycliques et une aide fixe réduite. L’enveloppe du 1er pilier pourrait varier selon la situation des marchés des céréales, lait et oléagineux.

Le think-tank Momagri, publie les résultats de son analyse des mesures mise en œuvre pendant la crise laitière.