Celui qui scrute l’évolution des filières agricoles depuis près de 30 ans pointe le rôle que les distributeurs et les consommateurs peuvent jouer en faveur de l’agriculture…
L’objectif ne doit pas être d’opposer systématiquement les différents acteurs des filières (agriculteurs, transformateurs, distributeurs). Il s’agit de trouver un chemin d’organisation collective qui soit acceptable pour tous. Dans la logique des lois Egalim, les pouvoirs publics ont un rôle important à jouer à ce niveau. L’alimentation a un coût et la PAC ne pourra pas tout. Les consommateurs ont une responsabilité majeure car en exigeant des prix bas, ils peuvent appauvrir notre agriculture, freiner les installations et limiter les nécessaires investissements. Les distributeurs doivent être bien conscients que la baisse de la production engagée dans plusieurs filières agricoles françaises n’est pas une bonne nouvelle pour construire des stratégies gagnantes à long terme.
En publiant une analyse sur les mesures d’aides à la réduction de la production laitière, le think tank Momagri estime qu’il faut profiter de la consultation publique sur la réforme de la Pac, lancée le 2 février 2017 pour trois mois, pour défendre le développement d’outils européens de régulation.
« Revendiquer un prix du lait de 320 €/1 000 l alors qu’on sait bien que les coûts de production sont en moyenne plus élevés, c’est mentir et ne pas défendre convenablement notre métier », a renchéri Véronique Le Floc’h, présidente de l’OPL et nouvelle secrétaire générale de la CR, évoquant la ligne du syndicalisme majoritaire.
Fin août dernier, plus de 400 agriculteurs bloquaient les routes menant à l’usine Lactalis de Laval afin d'obtenir « un juste prix du lait ».La fin des quotas laitiers est-elle à l'origine de cette crise? Quel rôle joue la baisse de la demande chinoise? Que peut/doit faire l'Europe?
Une longue crise aux très graves conséquences ; depuis le printemps 2015, le prix du lait est très bas : 0,25 €/litre en 2015, 0,28 en 2016, et très en dessous du coût de production (0,35) en filière classique (hors AB, certaines filières AOC, circuits courts). Cela conduit de nombreux producteurs à ne plus avoir de revenu et pour, ceux endettés, à ne plus pouvoir faire face à leurs dettes. Un tel prix signifie que la très grande majorité des producteurs ne dégagent plus de revenu, ne peuvent payer les annuités d'emprunt et financer les achats courants. Une telle situation, très difficile à supporter sur un an devient totalement insupportable pour beaucoup sur deux ans, d'autant que 2015 avait été mauvaise aussi en viande bovine et en porc et … qu'en 2016, les mesures pour réduire la production laitière entraînent une hausse brutale de l'abattage des vaches laitières et la baisse du prix de la viande bovine. 2016, c'est aussi la crise céréalière qui touche certains éleveurs.
Lait, céréales, viande... Aucun secteur de l'agriculture n'échappe aujourd'hui à la crise. Comment en est-on arrivé là et quel doit désormais être le rôle des différents acteurs ?
Face à la crise de l'agriculture, Pascal Viné, Délégué Général de Coop de France, livre son analyse et les défis à venir pour le secteur en France, en Europe et dans le monde.
Cedric's insight:
"Beaucoup d'agriculteurs pensent que la loi réglera le problème. Or, au cours des vingt dernières années, on a pu constater que la législation n'a jamais permis d'atteindre l'objectif du " juste prix ". Pour autant, il est vrai que, dans un premier temps, une modification de la loi de modernisation de l'économie s'impose : en profitant au consommateur au détriment de l'agriculteur, elle a engendré une guerre des prix qui doit cesser. Dans un deuxième temps, il faut surtout reconstruire une relation de confiance, en valorisant le produit et en interpellant le client sur son acte de consommation via la grande distribution. En Allemagne, elle est aussi puissante qu'en France, mais elle est davantage "réglo", plus transparente et inscrit les accords dans la durée. Cela nécessite un réel changement de mentalité." "La PAC d'aujourd'hui est déjà obsolète. Nous devons reconnaître notre manque de vision. Nous avons sous-estimé les crises auxquelles nous pouvions être confrontés. L'économie a été oubliée, au profit d'un système orienté vers un soutien direct aux revenus, l'accompagnement des évolutions environnementales ... Or, il n'y aura d'agriculture viable, que si celle-ci est compétitive sur son marché. Il faut donc de toute urgence gérer l'hyper volatilité des prix, en redonnant de la stabilité. Au niveau européen des outils doivent être mis en place (système assurantiel, paiements contracycliques, valorisation de la production...)."
Comme un tissu qui se déchire. L'envie de tout lâcher. La crise n'est pas qu'économique. Elle est aussi existentielle. « Animal on est mal », pourraient murmurer plusieurs dizaines de milliers d'éleveurs français en reprenant le titre d'une chanson de Gérard Manset.
Cedric's insight:
Le consommateur pour arbitre L'élevage a besoin d'être entendu et mieux compris. Il joue un rôle central dans de nombreuses régions françaises. Mais peine à être entendu. On parle souvent des éleveurs à leur place. À coups d'approximations quand on évoque les élevages industriels sans être capable d'apporter une définition. Approximations toujours, quand on met en avant les émissions de gaz à effet de serre des ruminants en oubliant de rappeler le rôle joué par les prairies dans le stockage de carbone. Approximations enfin, quand on appelle à supprimer l'élevage pour redonner un peu d'air à une planète menacée par le réchauffement climatique. Car l'élevage est à la fois un problème et une solution. Un problème, quand des animaux concentrés sur un même territoire génèrent des pollutions insupportables. Une solution quand il s'empare de ces défis pour apporter des réponses techniques mais aussi humaines. Les éleveurs de lait engagés dans un programme ambitieux de réduction des émissions de méthane peuvent en témoigner. Rien ne pourra se faire sans le consommateur. C'est lui l'arbitre du jeu. Il impose ses goûts et ses dégoûts. A besoin de comprendre, de se nourrir de sens et pas seulement de protéines. Le développement accéléré du marché des oeufs de plein air illustre cette tendance. Tout comme les demandes liées au bien-être animal. C'est en répondant à toutes ces attentes pour plus de proximité, de transparence, de sécurité que les éleveurs lèveront tous les fantasmes associés aujourd'hui à l'élevage. Notamment ceux alimentés par les ultras du véganisme.
Les opposants à l'élevage à grande échelle, qui font aujourd'hui leur troisième "Fête anti-mille vaches" à Drucat (80), reprochent à l'exploitation de tirer les prix vers le bas et de tuer les agriculteurs. Son gérant pense au contraire qu'il crée de l'emploi et représente l'avenir de l'agriculture.
L’accord signé entre les producteurs de lait et le géant Lactalis limitera un peu les dégâts pendant quelques mois, après les blocages menés fin août. Mais il n’enrayera pas la crise agricole ni les drames se jouant dans les fermes. Le prix du litre de lait acheté au paysan en 2016 correspond à celui de 1986... Pas étonnant, dans ces conditions, que nombre d’éleveurs soient en grande difficulté. A ce rythme, 45 000 producteurs laitiers pourraient disparaitre d’ici dix ans. Pendant ce temps, les marges financières ont augmenté pour les multinationales du secteur et la grande distribution. De grandes fortunes se bâtissent grâce au lait. Qui osera réguler de nouveau ce secteur livré à la loi du plus fort ?
Philippe Grégoire, producteur laitier à Chanzeaux (spaceMaine-et-Loire) et président du Mouvement national des éleveurs de nos régions (Mner).
Cedric's insight:
Quelles sont, selon vous, les causes de la crise laitière ? "Le problème numéro un, c’est la surproduction européenne. Le deuxième problème, ce sont les organisations de producteurs (OP) : elles sont verticales, c’est-à-dire rattachées aux laiteries, et n’ont aucun pouvoir pour négocier les prix. La facturation reste entre les mains de l’acheteur. Enfin, la moitié de la collecte française est assurée par des coopératives en cogestion avec la FNSEA, de telle sorte qu’on ne manifeste pas, on ne met pas la pression sur les coopératives."
Il y a une semaine, producteurs de lait et représentants de l'industriel Lactalis ont réussi, après 3 jours de négociations difficiles, à s'accorder sur un nouveau prix du lait. De l'avis général, c'est mieux, mais insuffisant pour combler les problématiques auxquelles les producteurs font face...
L'agriculture est en crise et les circuits courts, solution privilégiée, ne répondent pas à l'impératif de masse. Quelle sortie de crise pour l'agriculture française ?
Catherine Begos est l'épouse de Christian, un éleveur du Finistère, endetté. Dans une lettre publiée par Ouest-France, elle dénonce les grandes surfaces et appelle les consommateurs à soutenir les fermes familiales.
Comment sauver notre agriculture et nos agriculteurs ? Entre la crise du lait, du porc et du blé, l'année dernière a été très rude. Mais il n'y a pas de fatalité.
La Commission européenne a opté pour une régulation temporaire des marchés par une incitation à la réduction de la production. Une première depuis la fin du système des quotas, qui présage une réflexion plus ouverte dans le cadre de la nouvelle PAC.
Après le Sénat, c’est l’Assemblée nationale qui a publié le 12 octobre 2016 un rapport sur la filière laitière, destiné à dresser « le bilan de la suppression des quotas ».
La Commission des affaires étrangères a adopté à l’unanimité la proposition de résolution européenne proposée à l’issue de ce travail par les deux rapporteurs, les députés Yves Daniel (PS) et Hervé Gaymard (LR).
Depuis un an, les crises succèdent aux crises : crise laitière, crise bovine, crise porcine et, aujourd'hui, crise céréalière. Quelle que soit leur nature (climatique, économique ou diplomatique), elles renvoient l'image d'un secteur agricole en grande difficulté. Devenue intolérable pour les agriculteurs autant qu'incompréhensible pour nos concitoyens, cette situation fait aussi perdre de vue les multiples atouts de l'agriculture française.
Cedric's insight:
Le premier enseignement concerne la gestion des risques. Le deuxième enseignement concerne la création de valeur. Enfin, le troisième enseignement concerne le partage de la valeur.
Qualifiée de modèle intensif par les agriculteurs, la ferme laitière des "1000 vaches" inquiète les professionnels, aussi bien sur la question de l'emploi que de l'écologie. Pour Barbara Pompili, secrétaire d'État, le projet va énormément pénaliser les agriculteurs.
Cedric's insight:
"Parce que ce type de ferme, c'est ce qui va faire baisser les prix du lait encore plus alors que vous voyez les effets que ça a chez nous" s'est inquiétée la secrétaire d'État à la biodiversité... Avec cette ferme, "on est sur un système qui essaie de rentrer dans une économie mondialisée, c'est-à-dire de niveler les prix vers le bas. Une ferme comme celle-là réduit le nombre d'agriculteurs et baisse les prix du lait. Ce n'est pas une bonne solution." "Nous, nous travaillons pour aider les agriculteurs à partir vers une méthode de production qui soit plus valorisante de ce qu'ils produisent, avec plus de qualité, plus de circuits courts, et pas vers un système voué à l'échec", a précisé la secrétaire d'État. Avant de conclure : "il fallait mettre un coup d'arrêt maintenant, sinon il y en aurait eu des dizaines, des centaines sur notre territoire et nous serions allés encore plus vers les difficultés."
Ce 6 septembre la Coordination Européenne Via Campesina et l'European Milk Board ont présenté à l'Observatoire du Marché du Lait (MMO) leur analyse et leur diagnostic de la situation actuelle dans le secteur laitier, notamment […]
Alors qu’une ferme laitière compte en moyenne 58 vaches, celle des « mille vaches » détonne dans le paysage français. Érigée par ses détracteurs en symbole de l’industrialisation de l’agriculture, l’exploitation picarde se trouve depuis cinq ans au cœur d’un vaste imbroglio judiciaire. L’occasion de s’interroger sur l’avenir de la production laitière et de l’élevage français dans son ensemble.
To get content containing either thought or leadership enter:
To get content containing both thought and leadership enter:
To get content containing the expression thought leadership enter:
You can enter several keywords and you can refine them whenever you want. Our suggestion engine uses more signals but entering a few keywords here will rapidly give you great content to curate.