La France est en retard sur ses objectifs de développement d’énergies renouvelables. Aller plus vite implique d’augmenter la méthanisation à la ferme, voire de s’engager sur l’agrivoltaïsme. Au risque de créer des concurrences avec l’élevage laitier…
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Chef de file des politiques relatives à l’énergie, la Région Normandie entend promouvoir et développer la méthanisation. Elle s’est à ce titre fixée des objectifs ambitieux à l’horizon 2030, avec une production de biométhane visée de 1,7 TWh (soit 10 % de biométhane dans le réseau de gaz régional) et la production d’électricité issue de biogaz de 560 GWh.
Pour mobiliser, accompagner et co-construire la filière biogaz, la Région Normandie, l’ADEME et les Syndicats d’Énergie ont uni leurs efforts pour soutenir le plan Métha’Normandie, co-animé par Biomasse Normandie et la Chambre Régionale d’Agriculture de Normandie.
L’amplification de la crise énergétique et du changement climatique démontre l’urgence à produire plus d’énergies renouvelables. Mais comment accélérer sur cette voie ?
Comment réduire une facture énergétique passée de 2,1 % du chiffre d’affaires en 2021 à 5,14 % dans 200 entreprises agroalimentaires adhérentes de l’Association bretonne des entreprises alimentaires. Il convient d’abord de maîtriser sa facture par « des actions à court, moyen et long terme. Ce ne sont pas des choses forcément rapides. Mais elles peuvent permettre au bout du compte de réduire sa facture de 20 à 40 %.»…
La stratégie française pour l’énergie et le climat (SFEC), feuille de route du gouvernement pour viser la neutralité carbone d’ici à 2050, table sur la multiplication par 30 de la production de biogaz issu de la méthanisation, par 7 de la production électrique en solaire et par 2,5 à 4 de l’éolien terrestre. Sans conteste les industries agroalimentaires se penchent sur la production d’électricité. Certaines d’entre elles choisissent la méthanisation, mais c’est un métier spécifique. D’autres, la production d’énergie photovoltaïque…
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Le poste électricité pourrait passer de 10 à 25 % du total des charges des méthaniseurs. L’adaptation des pratiques mais aussi des évolutions réglementaires s’imposent pour préserver la rentabilité…
Les producteurs de biogaz sont aussi de gros consommateurs d’énergie. « En moyenne, pour dix unités produites, une est consommée ». Le mélange doit être brassé dans la cuve pour l’homogénéiser, favoriser le contact entre les micro-organismes et la matière organique et éviter la formation d’une croûte. Les pratiques diffèrent mais dans tous les cas, un brassage régulier est nécessaire et il est énergivore…
Au bout du tuyau, pas de gazole, mais du bioGNV (biogaz naturel pour véhicule), moins cher et moins polluant, produit directement à la ferme. Ce carburant alimente toutes les voitures de l'exploitation et un nouveau tracteur, le premier à tourner au bioGNV…
Bouses et urine cascadent dans un puits et sont pompées jusqu'au méthaniseur de l'exploitation. La litière de paille des vaches est aussi régulièrement acheminée vers ce digesteur. Chaque jour, 40 tonnes de matières organiques (deux tiers de fumier/lisier, un tiers de déchets issus de l'industrie agroalimentaires) sont englouties par le méthaniseur pour fermenter par 38 degrés…
L'essentiel de ce biogaz est brûlé pour faire tourner un moteur générant de la chaleur et du courant. L'électricité est injectée dans le réseau pour alimenter "l'équivalent de 1.000 familles". Une fraction du biogaz est épurée pour ne garder que le méthane, et comprimée pour faire du bioGNV…
Plus grande coopérative laitière du Royaume-Uni, Arla interpellé le gouvernement britannique pour que celui-ci investisse massivement dans les unités de production de biogaz à partir de lisier et fumier provenant des exploitations agricoles…
Avec un gisement estimé à 100 millions de tonnes, ce sont plus de 8 milliards de mètres cubes de biométhane qui pourraient être produits. Arla n’est pas à son coup d’essai dans le «poo power» (littéralement « le pouvoir du caca »). Dès 2020, la coop a mis en service deux camions de collecte du lait au biogaz qui exploitaient les bouses de 500 vaches transformées annuellement en 27.000 litres de biocarburant. Initiative complétée dans les mois qui ont suivi par la mise en service de sept camions supplémentaires utilisant du biogaz (produit à partir de résidus d’alimentation et de fumier issus de son site de distribution de Hatfield)…
Sous réserve du soutien gouvernemental adéquat, ce sont près de 91 millions de tonnes de fumier et 10 millions de tonnes de déchets alimentaires qui pourraient être transformés en 8 milliards de mètres cubes de biométhane. Soit suffisamment pour chauffer 6,4 millions de foyers ou faire fonctionner environ 3,8 millions de bus et de poids lourds au Royaume-Uni…
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A moyen ou long terme, « une entrée en concurrence avec les besoins de l’élevage est à prévoir sur la biomasse d’origine résiduaire », estime FranceAgriMer…
« Dans l’hypothèse où les 840 méthaniseurs agricoles ayant fait l’objet d’un dépôt de projet entreraient en fonctionnement, la méthanisation pourrait susciter des tensions sur certains approvisionnements locaux en biomasse, notamment en pailles ou en pulpes de betteraves »…
Les projets en attente donnent une vision à cinq ans maximum. Or, la méthanisation est appelée à prendre davantage d’ampleur à un horizon comme 2050, plus lointain mais déjà en cours de planification. Un arbitrage national sur l’usage de la biomasse fermentescible pourra devenir nécessaire pour fixer les objectifs de production de biométhane par la méthanisation…
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En choisissant une micro-méthanisation de 22 kW de puissance, Christian Le Foll reste sur un système pâturant pour conserver un coût alimentaire moyen de 80 €/1 000 litres…
Un temps de séjour de 20 à 25 jours
Le digesteur de 300 m3 fonctionne à niveau constant, c’est-à-dire qu’il y a la même quantité à sortir qu’à rentrer chaque jour. Le lisier doit être homogène et plutôt liquide. Pour y arriver, Christian possède une fosse spécifique pour les eaux blanches et vertes dans laquelle la partie solide est séparée. La partie liquide est envoyée dans la préfosse à lisier pour désépaissir le lisier avant incorporation dans le digesteur. Le temps de séjour dans le digesteur est de 20 à 25 jours lorsque l’on apporte principalement du lisier. Il peut augmenter s’il y a de la paille, des refus de maïs ou autres qui sont ajoutés…
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8 à 9 m3 de lisier incorporé chaque jour
Le digesteur est alimenté automatiquement en lisier 2 fois par jour. En hiver lorsque les vaches restent en bâtiment c’est 4,5 m3 le matin et la même quantité le soir.
Le reste de l’année c’est 4 m3 matin et soir. L’éleveur estime le temps de travail quotidien à 10 minutes. « C’est surtout de la surveillance et cela peut se faire à distance sur le téléphone portable. Les 2 moteurs sont à vidanger toutes les 6 semaines et l’opération prend une vingtaine de minutes. »
En Afrique du Sud, une centrale de production de biogaz (Bio2Watt) utilise les ressources naturelles fournies par les élevages bovins locaux pour fournir une électricité 100% « verte ».
Avec 60 installations en Bretagne, dont 10 en 2016, la filière méthanisation poursuit son développement. Longtemps attendu, le nouveau cadre tarifaire pour les installations valorisant le biogaz en cogénération a été publié en décembre 2016, donnant la visibilité tant attendue par les porteurs de projets.
La production de biogaz d'origine essentiellement agricole décolle en France.
C’est un aspect nouveau de l’agriculture : la méthanisation des déchets agricoles et des résidus d’élevage pourraient couvrir dans les prochaines décennies la moitié des besoins de la France en gaz naturel !
À la Ferme du Moulin à Bourneville (Eure), Alexis Romain, 27 ans, s'occupe au quotidien de l'unité de méthanisation. Il nous a fait découvrir son métier et ce dispositif innovant…
Le lactosérum issu du lait produit par un alpage de 430 vaches de Savoie va alimenter une unité de microméthanisation. Le biogaz servira à décarboner la fabrication du fromage de Beaufort directement sur place…
Les trois troupeaux de 430 vaches qui composent l'alpage produisent chaque année, entre mi-juin et fin septembre, 55 tonnes de Beaufort. Cette fabrication artisanale s'appuie sur 550 000 litres de lait de vache. Le lactosérum, ou petit lait, inutilisable, constitue 90 % de cette production laitière. Pour s'en débarrasser en contournant l'interdiction d'épandage brut, l'alpage avait jusqu'à présent recours au lombricompostage. Au fil des années, la solution s'est cependant révélée inadaptée à la production de grands volumes de lait. « L'atelier de fabrication vieillissant et les mauvaises performances du système de traitement du lactosérum ont conduit à une réflexion globale visant à maintenir et pérenniser la fabrication du Beaufort »…
En 2021, le groupement pastoral décide donc d'investir environ un million d'euros pour réhabiliter complètement son atelier de transformation du fromage. Plus de 500 000 euros sont consacrés au développement d'un système de microméthanisation et de gestion des effluents. Le choix du groupement s'inspire d'autres opérations similaires dans les environs, notamment la récupération, en cogénération, par la société Savoie Lactée, à Albertville, du lactosérum de diverses coopératives…
La flambée du prix de l’énergie en 2022 a durablement marqué les esprits. Le mouvement vers la production d’énergie à la ferme s’accélère. Le lait s’y intéresse aussi, surtout pour le photovoltaïsme…
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voir aussi Électricité, gaz et yaourts produits à la ferme
La méthanisation par couverture de fosse est une solution éprouvée qui peut répondre à des enjeux environnementaux et énergétiques dans un contexte inflationniste…
La méthanisation passive suit le même principe que la digestion anaérobie : dans une fosse de stockage, les effluents d’élevage sont isolés de l’air grâce à une couverture pneumatique lestée, agités et incorporés régulièrement. Dans ce milieu étanche, on produit un biogaz de qualité (60 % de CH4), brûlé en chaudière ou dans un moteur de cogénération…
La particularité de ce système : pas de chauffage contrairement aux installations de méthanisation ; la méthanisation passive fonctionne en régime psychrophile, avec une variation de température de 10 à 25°C entre l’hiver et l’été. Cette technique produit moins de gaz, environ 60 % du méthane qu’aurait produit un lisier en laboratoire. En revanche, elle est très économe en matériaux et consommables…
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voir aussi [Vidéo] Produire du biométhane sans méthaniseur avec la solution Bennamann
La petite méthanisation agricole ou « à la ferme » se caractérise par un porteur de projet unique, une puissance installée modérée liée à la volonté d’être relativement autonome en intrants, une installation simple dans sa conception, mais aussi dans les équipements employés et son mode de fonctionnement…
Dans le domaine de l’élevage, le digesteur est ainsi principalement alimenté par les déjections animales, éventuellement complétées avec de la biomasse végétale issue de l’exploitation. La part d’intrants organiques provenant de l’extérieur reste marginale. En général, la puissance de ces installations n’excède pas 100 kW de puissance électrique installée (ou équivalent pour les autres modes de valorisation énergétique)…
Les agriculteurs sont les pionniers de la méthanisation. Mais la manne gazière est en train de leur passer sous le nez. Les industriels de l’énergie accaparent les bénéfices de la production du gaz, reléguant les exploitants à la place de simples fournisseurs de déchets…
L’Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF) souhaite que la méthanisation reste aux mains des agriculteurs pour leur permettre de diversifier leurs sources de revenus. Une réponse aux fortes fluctuations du prix du lait et du porc qui ont mis à terre de nombreuses exploitations, permettant à d’autres de s’agrandir…
La plus-value pour les énergéticiens, la sous-traitance pour les agriculteurs ?!
Il y a dix ans, l’agro-industrie payait les agriculteurs pour qu’ils la débarrassent des intestins et estomacs de milliers de bêtes abattues, jusqu’à 90 euros la tonne. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Les agriculteurs paient de plus en plus cher pour mettre la main sur ces tripes, ingrédient précieux pour produire du gaz. Le maïs est également une denrée prisée des méthaniseurs…
« Il n’est pas certain que les agriculteurs, à terme, parviennent à être des acteurs dominants de la méthanisation. » D’autant plus qu’ils n’ont pas tous les atouts en main….
Le site Internet Métha'Nomandie, dédié au développement de la filière sur le territoire normand est en ligne ! Il regroupe de multiples informations et ressources concernant la méthanisation, l'état de la filière dans la région, le montage d'un projet, ainsi que les différentes formations et évènements proposés par les partenaires de Métha'Normandie.
La filière méthanisation en Normandie c'est 153 unités de production de biogaz en fonctionnement début avril 2022…
Plus rentable que la vente de lait, elle permet aux éleveurs de garder la tête hors de l'eau. Et de verdir une partie du gaz que nous consommons.
«Je roule avec les bouses de mes vaches!», clame fièrement Damien Roy. Le quadragénaire fait partie d'un groupe de quatre éleveurs vendéens qui se sont diversifiés depuis quatre ans dans la méthanisation ...
Investir dans un méthaniseur de façon individuelle est envisageable pour une exploitation agricole à partir de 100 vaches laitières ou 200 truies en système naisseur-engraisseur. Les tarifs d’achat de l’électricité produite à partir de biogaz ont augmenté en 2016 et permettent désormais à cette « petite méthanisation » (entre 20 et 100 kW) d’être rentable. Plusieurs constructeurs proposent des solutions pour un investissement compris entre 7 500 et 13 000 euro/kW.
Sur son exploitation de Haute-Marne, Philippe Collin vient d’installer une station d’épuration du biogaz issu de son méthaniseur pour faire rouler une dizaine de voitures au bio-GNV, le « gaz naturel véhicule ».
La durée des contrats d'achat d'électricité produite via la méthanisation, dont bénéficient les professionnels de la filière biogaz, est étendue de 15 ans à 20 ans, s'alignant ainsi sur celle des nouvelles installations, aux termes d'un arrêté du 24 février paru dimanche au Journal officiel...
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