Lait de Normandie... et d'ailleurs

Mardi du Cniel sur "La filière laitière en Nouvelle-Zélande : comment concilier croissance et protection environnementale", 20 mars 2018

Quelques professionnels français du lait dressent un état des lieux du secteur laitier néozélandais : une filière qui pèse dans l'économie du pays et qui continue de croître tout en créant plus de valeur ajoutée à ses produits. Mais l'envers du décor n'est pas aussi flamboyant : les exploitations fortement endettées sont enfermées dans une bulle financière qui pourrait potentiellement éclater.

Moins d'un quart des fermes laitières de Waikato [région de Nouvelle-Zélande au nord de l'île du Nord] respectent leurs obligations en matière d'effluents. Le Conseil régional de Waikato a constaté que 23% des 1174 fermes laitières inspectées étaient entièrement conformes l'année dernière.

23% ont atteint une conformité totale, 2% avaient un niveau de conformité élevé, 43% étaient provisoirement conformes, 24% étaient partiellement conformes et 9% étaient nettement non conformes. 68% des agriculteurs se trouvent sur la bonne voie…

La Nouvelle-Zélande ne produit qu’une part minime des émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais les élevages laitiers intensifs, les transports routiers et les activités industrielles ont fait progresser ses émissions brutes de GES de 23 % depuis 1990...

La Nouvelle-Zélande a connu une vague de croissance de la production laitière au cours des deux dernières décennies : + 4,1% par an de volume et +2,7% du troupeau.

Plus récemment, cependant, En réponse à une baisse soutenue des prix du lait, les producteurs ont dû réduire les coûts et reporter l'investissement afin de faire baisser les prix du seuil d'équilibre. Pour la saison terminée le 31 mai 2016, la production a baissé de 1,5% et la saison actuelle (au 31 mai 2017) devrait très probablement suivre une tendance à la baisse.

La Rabobank s'attend à ce que les cinq prochaines années produisent des taux beaucoup plus lents de croissance jusqu'à 2022, en comparaison à la flambée au cours des deux dernières décennies. Les réglementations environnementales se resserrent et la production laitière sera limitée par la simple disponibilité des ressources: terres, eau et main-d'œuvre.

Nous assistons au début d'une ère nouvelle : La croissance future viendra de l'augmentation de la productivité à la ferme, plutôt que de l'accroissement du nombre de vaches dans le troupeau national, au fur et à mesure que l'industrie continuera d'évoluer.

Aux origines des secousses sur le prix du lait, il y a un pays qui pèse lourd : la Nouvelle-Zélande...

On compte 4,8 millions de vaches laitières pour 4 millions d’habitants au pays des All Blacks. Avec près de 12 000 fermes, le troupeau moyen est de 415 VL et le chargement atteint 2,8 UGB/ha pour une SAU moyenne de 147 ha. Là-bas, on atteint une moyenne de 144 vaches par unité de main-d’œuvre, à opposer au chiffre français, proche de 30 vaches....

Les fermes laitières utilisent l’équivalent des besoins en eau de 60 millions de personnes, disent les experts, soit l’équivalent des populations combinées de Londres, New York, Tokyo, Los Angeles et Rio de Janeiro. Il y a environ 12 000 troupeaux laitiers en Nouvelle-Zélande consommant 4,8 milliards de mètres cubes d'eau. Mais presque tout est utilisé par environ 2000 fermes, car la grande majorité n'est pas irriguée. Certaines fermes paieraient 50 000 $ à 100 000 $ pour une taxe sur l'eau. Bill English a cité le chiffre de 50 000 $. Le coût moyen d'une taxe sur l'eau dans une ferme laitière irriguée serait entre 10 000 $ et 15 000 $, selon leur analyse. Une analyse de RNZ et de l'Institut de politique publique de l'Université d'Auckland a déterminé que le coût d'une ferme laitière moyenne irriguée serait de 13 800 $.