Lait de Normandie... et d'ailleurs

Producteur de lait à Carnet dans le sud Manche, Landry Rivière est membre de la commission «Communication» de Sunlait. Acteur des débats dans le cadre des EGA, il veut voir la co-construction de la filière laitière aboutir...

Une nouvelle formule de prix stoppée :

«Contrairement à ce que l’on peut observer dans de très grands groupes laitiers, Sunlait est reconnu par Savencia avec de réelles avancées acquises dans le passé. Le climat est constructif. Nous nous retrouvons tous les trimestres dans le cadre de réelles négociations pour parler contractualisation, prix, qualité, volume (...)», admet Landry Rivière.

En juin dernier, un protocole sur une nouvelle formule de calcul du prix du lait a même été signé. Il devait entrer en application sur le second semestre pour expertise et vérifier qu’il aboutissait à du «gagnant-gagnant». Une formule plus réactive, qui tenait compte de l’évolution du mixte produit, qui tenait compte de la marge des producteurs...

Pas encore sans doute un aboutissement mais ce qui aurait presque pu se faire de mieux.

Mais «patatras» le 27 septembre. Cinq jours avant les EGA lait, le protocole est dénoncé pas Savencia. «Nous n’arrivons pas à faire passer les hausses auprès des GMS (Grandes et Moyennes Surfaces» en guise de justification.

«Alors quand Daniel Chevreul dit à Caen qu’il faut discuter avec des OP fortes et fédérées, il a raison et c’est ce qu’il fait. Nous avons de vraies discussions. Ce n’est pas le copinage que nous pratiquons mais un vrai travail de fond depuis 5 ans. On passe du temps à co-construire une nouvelle formule qui correspond à la valorisation de l’entreprise mais le marché fait qu’on ne peut pas l’appliquer».

320 € eu lieu de 340 € :

Voilà ce que voulait dénoncer publiquement Landry Rivière. «A quoi bon se battre sur une nouvelle formule si c’est pour s’aligner sur les moins-disants derrière?», s’interroge-t-il.

Tout n’est pas perdu pour autant. Le 11 octobre dernier, Sunlait a saisi le médiateur. Cela a permis de revenir à meilleure fortune sans faire pour autant affoler les compteurs : 332 € en novembre et 342 € en décembre.

«Mais il nous manque toujours les 20 € d’octobre». Les 1 000 litres ont été payés 320 € alors que la nouvelle formule affichait 340 €. Et de conclure: «il faut que la GMS et la transformation acceptent une meilleure répartition de la valeur ajoutée. Ce serait la meilleure façon de sortir par le haut des EGA».

Comme chaque année en août, le prix du lait Spot s’est raffermi par rapport au mois de juillet. Le creux de la collecte approche et la demande est un peu plus forte de la part des industriels dans l’objectif de la rentrée, notamment pour les fabricants de produits frais. Mais le prix du lait Spot aujourd’hui est aussi lié à celui de la matière grasse qui continue à flamber...

Les syndicats FDSEA et JA de la Sarthe ont prévu de bloquer durant 48 heures l’usine Sodiaal (Yoplait) au Mans. L’action sera engagée à 14 h, ce mardi.

« La nette amélioration des cours doit être répercutée par l’ensemble des entreprises sur le prix du lait payé aux producteurs, pour leur permettre de retrouver enfin une trésorerie positive. Nous attendons tout particulièrement de nos coopératives qu’elles montrent l’exemple. Or aujourd’hui, les coopératives font partie des plus mauvais payeurs, c’est intolérable ! », indique un communiqué.

Des producteurs du Maine et Loire et de la Mayenne doivent se joindre aux Sarthois. À l’appel de la Fédération Nationale des Producteurs de Lait (FNPL), d’autres actions sont annoncées ce mardi dans les départements de l’ouest.

D’après notre observatoire, en 2016, le prix du lait a connu une baisse de 25 à 30 € chez les leaders de l’industrie et nombre de laiteries. Ajoutée à la baisse de 2015, la chute est souvent vertigineuse : 80 € et plus cumulés sur deux ans.

Alors que tous les marchés manqueraient de matière première, la Fédération régionale des syndicats d’exploitants agricoles de l’Ouest s’inquiète de voir les produits laitiers concernés par des promotions.

« C’est une véritable « semaine du lait », comme on connaît dans les grandes surfaces « la semaine du blanc »...

Grand Ouest : 260 €/1000 litres

Les FDSEA de l’Ouest demandent aux laiteries de penser « prix » avant de penser « volume ». Et elles annoncent que dans les actions à venir, elles cibleront les marques et distributeurs qui ne joueront pas le jeu des négociations commerciales.

Sur le prix du lait, ils progressent dans une majorité des pays du Nord de l’Europe en relation avec les hausses des produits industriels. En Allemagne, le prix du mois d’octobre atteint les 284,5€ / 1000 litres rejoignant ainsi les niveaux de prix de la France. La moyenne 12 mois reste toutefois très basse à 251.5 €/ 1000 litres.

En France, les producteurs attendent la répercussion dans les semaines à venir de cette embellie des marchés. Le besoin de trésorerie est important et le signal donné par les laiteries devra être à la hauteur des attentes.