Les baisses quasi généralisées des revenus 2023 semblent proportionnelles à la part des grandes cultures et cultures industrielles dans les assolements. Si l’augmentation du prix du lait permet quasiment de faire face à l’augmentation des charges et à la baisse des aides de l’atelier laitier, le retournement de conjoncture en céréales et oléo protéagineux entraîne les revenus vers le bas…
"On investit dans des machines, mais investir sur soi, c'est plus compliqué", agriculteur en difficulté, Ludovic a fait appel à un coach agricole pour sortir la tête de l'eau et prendre du recul sur les difficultés de son exploitation laitière…
"J’étais épuisé, mais je n’arrivais plus à dormir. Quand vous devez vous lever tous les matins à 5 heures, 7 jours sur 7, vous finissez par perdre votre discernement. J’avais le sentiment que la ferme commençait à payer le prix de mes engagements extérieurs, que ça partait en vrille économiquement. J’avais la conviction aussi de ne plus être à la hauteur de mes responsabilités au conseil d’administration. Familialement, c’était également compliqué, je m’étais séparé. Bref, je n’avais plus rien de solide dans ma vie, financièrement, il fallait jongler. Et dans ces moments-là, on finit par se dire qu’il vaudrait mieux tout arrêter. J’ai fait comme une dépression"…
Cedric's insight:
« Le métier est en pleine mutation. Faute de main d’œuvre, les agriculteurs sont souvent fatigués, épuisés. Il y a de la solitude, de la lassitude, et ça peut devenir pour certains très compliqué. Ils ne savent plus comment avancer. Moi, je me considère comme un spécialiste de la mise en mouvement »…
Malgré un prix du lait au sommet, les résultats des exploitations laitières reculent pour les clôtures comptables du 3e trimestre 2023. La hausse du coût alimentaire, des charges de structure, ainsi que le recul des marges de grandes cultures se cumulent…
Alors que la crise agricole secoue la France, la colère des agriculteurs se concentre largement sur le manque d’argent. Mais qu’en est-il vraiment ?
A en croire les chiffres de l'Insee, 15% des agriculteurs français n’avaient aucun revenu en 2021. Dans le même temps, pourtant, au sein de certaines filières, le salaire moyen dépassait 3 000 euros par mois. Ces disparités s’expliquent en fait par les grandes différences au sein du secteur : taille des exploitations, types de culture, zone géographique…
Le Monde est allé à la rencontre d’agriculteurs de différents horizons pour mieux saisir ces grands écarts au sein de la profession. Certains d’entre eux insistent sur les difficultés qu’ils ont à se rémunérer…
Les prix du lait et de la viande compensent la baisse des prix des cultures sauf en systèmes polyculteurs. D’autant que la plupart des charges ont tendance à revenir à niveau proche de celui de 2021 après une flambée en 2022. La conjoncture est favorable aux systèmes mixtes lait-viande, elle l’est dans une moindre mesure pour les spécialisés lait, mais elle ne l’est plus pour les systèmes polyculteurs…
Rappelons d’abord que moins de 45% des produits des exploitations agricoles passent par la grande distribution qui polarise seule l’attention. Plus de la moitié passent par la restauration hors domicile, le commerce traditionnel ou sont exportés !
Rappelons ensuite que ce n’est pas véritablement le prix qui fait le résultat ! Le résultat dans toute entreprise c’est un produit moins des charges. Cela signifie une quantité vendue multipliée par un prix de vente de laquelle on soustrait des achats…
La valeur ajoutée ne se partage pas elle se négocie…
Une volatilité des revenus qui s’accroît avec le temps et des écarts de revenus marqués selon la diversité des productions. En moyenne, les systèmes laitiers spécialisés en AB ont un niveau de revenu par unité de travail proche des conventionnels.
Une perspective historique de long terme pour mieux comprendre la manière dont les gains de productivité dans l’agriculture sont répartis entre les diverses parties prenantes…
Au cours des soixante dernières années, les gains de productivité ont participé pour 70% à la création de valeur du secteur. Or, la valeur créée n’est pas uniformément répartie entre les parties prenantes. Ainsi, les clients se trouvent en tête des bénéficiaires, captant 51% de la valeur créée, suivis par les agriculteurs (39%)…
Le partage de la valeur créée dans le secteur agricole français est fortement influencé par une baisse soutenue des prix réels à la production. De 1959 à 2009, cette baisse a atteint un rythme annuel moyen impressionnant de -3,3%. Pour mettre cela en perspective, cela signifie que les prix agricoles ont été divisés par deux tous les 20 ans ! Cependant, cette diminution n’a été que partiellement répercutée sur les consommateurs. Durant la même période, les prix des produits agricoles et alimentaires vendus aux consommateurs finaux n’ont baissé qu’à un rythme annuel moyen de -0,4%.
Cedric's insight:
Depuis 2009, une inversion de cette tendance a été observée pour les prix à la production agricole, avec une augmentation moyenne de 1,1% par an. Cette tendance s’est même accélérée au cours des deux dernières années, 2021 et 2022, avec une hausse remarquable de 11%. Cette évolution a permis aux agriculteurs de retrouver des niveaux de prix similaires à ceux du début des années 1990 mais loin encore du niveau affiché au début de la période d'étude…
En Bretagne, la diversification en agriculture a démarré avec le tourisme à la ferme. Aujourd’hui, l’éventail des domaines explorés par les agriculteurs s’est considérablement élargi : transformation de produits agricoles, vente directe, productions atypiques, prestations de travaux publics, chauffeur de car scolaire, restauration à la ferme, etc.
Au sommaire de ce dossier :
• L’essence du commerce
• Florian Even a réalisé son rêve : être à la fois paysan et cuisinier
• Produire de l’énergie : un cadre pour l’Agrivoltaïsme
• Valoriser le bois : tirer profit des haies et cumuler les ateliers
• Une guinguette pour mieux valoriser ses produits : le « bar bichette » améliore la marge
• Livraison de journaux : l’aviculteur apporte les nouvelles fraîches
• double activité : transmettre son expérience
• Porter la viande d’Aubrac jusque dans l’assiette des gourmets
• Des étudiants logés sur la ferme
• Accueil à la ferme : le vélo a la cote
• Transformation à la ferme : un container tout équipé pour transformer son lait en yaourts
Cedric's insight:
voir aussi USA : La diversification est la clé de la prochaine génération de producteurs laitiers
Selon les simulations du réseau de référence Inosys, le revenu des exploitations laitières du Grand Est et d’Île-de-France est en recul en 2023, mais reste à un niveau soutenu grâce à la bonne tenue des produits animaux…
Cedric's insight:
voir aussi Revenus 2023 des élevages Grand-Est/Ile-de-France
Après deux années de hausse, la valeur ajoutée brute de la branche agricole est en baisse de 5,3%. Si la valeur de la production céréalière chute fortement, celle de la production animale augmente, en lien avec une nouvelle contraction de l’offre…
En 2023, la production animale hors subventions reculerait de 2,5% en volume. La baisse serait de 4,8% pour les bovins et 6,8% pour les veaux. La production laitière diminue d’environ 1,2%. Cette contraction de l’offre contribue à une hausse des prix, avec une valeur qui progresse au global de 5,2% sur les produits animaux (+ 4,1% pour le bétail, + 5,8% pour le lait).
L’année 2022 a été marquée par la hausse du coût des intrants, mais également par celle du prix du lait. D’après les données Ecolait du BTPL, l’EBE généré en 2022 sur les exploitations laitières est supérieur de 18 à 20 000 € à celui de 2021…
Les produits ont augmenté de 79 €/1 000 l, les charges opérationnelles ont augmenté de 22 €/1 000 l. Les charges de structure sont aussi impactées par la conjoncture, + 8 €/1 000 l, en particulier les charges de mécanisation. L’EBE progresse de 49 €/1 000 l en 2022…
Cedric's insight:
La projection 2023/24 suit la tendance de 2022, avec un prix du lait supérieur à 2022 et des charges légèrement plus hautes
Il était une fois, une ferme reconnue pour son savoir-faire et le prestige de ses produits laitiers. Cette ferme, c’est celle des Peupliers, située à Flipou. Au fil des années, cette dernière a su prospérer et se renouveler au fil du temps. Aujourd’hui dirigée par les frères Chedru, la réussite de l’entreprise repose, notamment, sur ses 200 vaches qui produisent le yaourt « So Good » dont tout le monde raffole. Engagée dans l’innovation et la préservation des savoir-faire, l’exploitation porte une vision tournée vers l’humain…
À la Ferme des Peupliers on gère l’intégralité de la chaîne de production, du champ à la cuillère. Un process complet réalisé par une équipe de 65 collaborateurs permanents qui exercent différents métiers : culture, élevage, transformation, logistique et fonctions supports comme l’administratif, le commercial ou la communication…
« Nous avons la chance en Lyons Andelle d’avoir un territoire dynamique et de valoriser au maximum l’économie circulaire et les circuits courts. Aujourd’hui sur l’intégralité de nos projets d’investissement, nous essayons de travailler avec des entreprises locales. »…
L’avenir des producteurs laitiers suscite de grandes inquiétudes, l’avenir de l’industrie laitière est en danger. La politique doit désormais emboîter le pas…
Ce qu’il faut maintenant, ce sont des perspectives à long terme pour la restructuration de l’élevage exigée par les politiques. «Nous avons besoin que les politiques s'engagent clairement en faveur de l'élevage d'animaux domestiques», face au déclin du nombre de bovins laitiers et du déclin des affaires…
Cedric's insight:
Cependant, dans le contexte de la modification actuelle de la loi sur la protection des animaux et de la passivité dans le domaine du financement du bien-être animal, il faut se demander si un tel engagement serait crédible…
Le nombre d'exploitations en lait de vache bio collectées en France a baissé à 3944 en janvier 2024. La moitié de la baisse est due à des cessations laitières, voire de toute activité agricole…
Le nombre d'exploitations bio collectées en France a baissé à 3944 en janvier 2024. Soit une diminution de 4,6% par rapport à janvier 2023. « Pour la première fois, cette baisse du nombre de livreurs bio est supérieure à celle observée en conventionnel (-4,2%) ». C’est aussi la première fois depuis fin 2020 que le nombre de points de collectes bio repasse sous les 4 000…
Par rapport au maximum atteint en septembre 2022, cela représente une baisse de 8%. « La moitié de cette baisse est due à un retour au conventionnel. L'autre moitié est due à des cessations laitières, voire des cessations agricoles »…
Cedric's insight:
voir aussi Cniel : Note de conjoncture biologique - lait de vache
Cette laiterie UHT de Loire-Atlantique détenue par des agriculteurs s'appuie sur un modèle unique. La société De Nous à Vous a transformé l'an dernier plus de 7 millions de litres en lait UHT. En passe de gagner de nouveaux marchés, il lui faut attirer d'autres exploitants…
« Produire, transformer et vendre nous-mêmes ». C'est de cette simple devise qu'est née en Loire-Atlantique la laiterie De Nous à Vous et sa marque « En direct des éleveurs ». Portée par 6 agriculteurs et 110 actionnaires, des personnes physiques dans le cadre d'un financement participatif, cette SAS a mobilisé 8,5 millions d'euros en 2016 pour construire sa propre laiterie à Remouillé, au sud de Nantes…
Cedric's insight:
Ce sont donc les agriculteurs qui dirigent eux-mêmes cette petite usine de 11 salariés. Ils assurent également la fonction commerciale, allant directement démarcher les clients. « A l'époque, tout le monde prônait les circuits courts, le fait de limiter les intermédiaires. C'est ce que nous continuons à faire.»…
Les élevages spécialisés de lait de vache bio présentent une productivité moyenne en valeur par animal plus faible à celle des élevages conventionnels, inférieure en 2020 de 13,1%. En 2020, le prix du lait bio a pourtant été supérieur de 37% à celui du conventionnel, mais il ne permet pas de compenser totalement la moindre productivité bio…
En revanche, un niveau moyen plus faible d'environ 17,8% des consommations intermédiaires (charges d’aliments, frais vétérinaires, consommations énergétiques...) permet aux élevages bios d'aboutir à une valeur ajoutée supérieure d'environ 10 € par vache laitière…
Au final, grâce en partie à un niveau moyen de subvention par vache laitière supérieur de 46,4%, l’EBE/UGB des producteurs bios offre en moyenne 212 € de plus par animal. Les niveaux de dispersion des EBE par vache laitière sont très similaires entre les deux modes de production, les rapports interquartiles s'établissent dans les deux cas à 1,8…
En production bovine laitière, le flux à l’installation a été assez stable entre 2010 et 2019, avant de fléchir. Mais ce niveau était déjà insuffisant pour compenser la vague de départs liée au vieillissement très marqué des chefs d’exploitation. La moitié des éleveurs laitiers présents en 2018 pourraient avoir quitté le secteur en 2027…
D’après les dernières données de la MSA, la filière laitière est celle qui connaît, en moyenne, le taux de remplacement des départs le plus bas de l’agriculture française avec seulement 40% d’éleveurs laitiers remplacés en 2021, contre près de 80% tous secteurs agricoles confondus…
Au recensement agricole de 2020, 51 % des éleveurs laitiers avaient plus de 50 ans dont 33 % de plus de 55 ans et 12 % de plus de 60 ans…
Cedric's insight:
Si le secteur laitier bovin est encore le premier pourvoyeur d’emplois agricoles non-salariés en France, c’est aussi « celui où la réduction du nombre de chefs d’exploitation est la plus rapide ». En systèmes bovins lait et mixte, elle est passée de -2,7% par an entre 2012 et 2017 à -3,6% entre 2017 et 2022, contre -1,4% et -1,6% pour l’ensemble de l’agriculture. « En intégrant les exploitations de polyculture élevage lait tentées par les grandes cultures, le recul atteint même 4% par an sur la dernière période »…
Malgré une grande diversité d’attitudes, une étude sociologique met en lumière quatre profils d’éleveurs selon leur proximité idéologique ou selon leur implication avec les changements sociétaux…
• Les premiers, appelés « commerçants contraints », vendent en direct et sont installés depuis plus de 20 ans. Ces passionnés du métier déplorent la dégradation de leurs conditions de travail. Ils aiment la relation avec les consommateurs, mais…
• Le groupe des « animaliers communicants » se montre très agacé et critique des attentes sociétales, il souffre d’un manque de reconnaissance…
• Un troisième groupe est dénommé « paysans citoyens ». Jeunes, passionnés par la nature et les animaux, ils souhaitent équilibrer vie privée et vie professionnelle. Ce sont des éleveurs citoyens…
• Les « entrepreneurs flexibles » enfin, sont passionnés par la technique, par l’optimisation de leur système….
Tout ce travail montre que les techniciens et conseillers devront faire la part des choses entre ceux qui partagent, ceux qui expliquent et ceux qui contestent…
Les chiffres de l’observatoire de l’endettement et des trésoreries des élevages bovins lait et viande pour 2022 montrent une progression du revenu disponible par UTH familiale. Il y a moins d’exploitations en situation critique, mais leurs chiffres se détériorent…
Cedric's insight:
voir aussi Observatoire de l'endettement et des trésoreries des élevages bovins - hiver 2022
Les industriels cherchent de manière plus ou moins offensive à maintenir leur collecte. Tous proposent des avantages aux jeunes installés et certains ouvrent leurs portes à de nouveaux producteurs. Le prix du lait et l’offre de services inédits deviennent des arguments…
Cedric's insight:
voir aussi Production laitière : Une révolution copernicienne au sein de l’UE
Une situation financière améliorée pour les exploitations laitières..
Le prix du lait a continué sa hausse en 2022 : + 70 € /1000 l par rapport à 2021. Le produit brut de l’échantillon 2022 a été amélioré (de + 6% à + 22% en fonction des zones). Par ailleurs, malgré la hausse des charges (aliments, carburant et engrais notamment), l’EBE des exploitations a connu partout une amélioration. Le revenu disponible a été en hausse marquée partout (de + 19% en Montagne à + 92% dans le Grand-Ouest), soit en moyenne 34 000 € annuels par UTH familiale.
La trésorerie nette globale moyenne a été encore en nette hausse en 2022. Les dettes court-terme des exploitations laitières ont été en légère diminution mais sont restées à des niveaux élevés (124 €/1000 l en moyenne toutes zones). La part des exploitations en situation critique a diminué en 2022 : 24% des élevages suivis en France en 2022 contre 32% des exploitations en 2021.
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